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Enlever les décharges pour y réinstaller la nature

Le "landfill mining" permet de retirer les déchets ménagers et industriels des décharges brutes. La dépollution de ces zones est ensuite affinée grâce à l'apport de végétaux. Le Département accompagne les communes dans ces opérations complexes de renaturation.

Retrouver la nature là où il y avait une décharge sauvage. L'opération est aujourd'hui rendue possible par la technique du landfill mining. On pourrait traduire ce terme par "extraction de décharge" ou "excavation de sol pollué". Les résultats sont spectaculaires. Il suffit de se rendre sur les sites d'anciennes décharges publiques, comme ceux de Poursiuges-Boucoue ou de Beaucens (65), ou celui de la décharge industrielle de Bordes, pour prendre la mesure de leur totale transformation. Adieu ferrailles, plastiques, métaux lourds et autres liquides peu recommandables pour la nature. L'herbe repousse ici sur des terres débarrassées des éléments perturbateurs qui s'y étaient accumulés.

Le landfill mining mobilise toute une gamme de machines et d'engins issus des secteurs de l'industrie et des travaux publics. Ce qui n'empêche pas de produire un travail d'orfèvre. Car il ne s'agit pas ici d'extraire la terre polluée pour l'isoler ici ou ailleurs, dans un sarcophage par exemple.

Le landfill mining consiste bien à retirer tous les déchets du sol, même quand ils semblent former d'inextricable entrelacs ou qu'ils sont enfouis sous la surface. Comment ? En prélevant avec une pelle mécanique tous les volumes souillés et en les soumettant à des tris successifs. Ces opérations font appel à différentes technologies : râteaux mécaniques, souffleries, aimantation... Tous ces traitements sont réalisés sur place. A chaque étape, on isole plus finement les déchets en fonctin de leur taille, de leur densité et du matériau qui les constitue. En bout de chaîne, on obtient ainsi une séparation des métaux, des plastiques, des éléments de matériel médical ou encore des contenants de liquides.

Les composants naturels du sol se trouvent eux aussi répartis en volumes de terres, sables, cailloux, selon leur granulométrie. ll n'y a plus qu'à reverser ensuite tous ces matériaux dans leur environnement d'origine. Les terres ou les sables pollués qui ne peuvent pas être traités sur place sont envoyés vers des sites spécialisés. Idem pour les déchets : lorsqu'ils ne peuvent être recyclés localement, ils sont orientés vers des filières adaptées.

Depuis 2012, les techniques d'extraction de décharge mises en oeuvre par le Département ont été testées et améliorées au fil des chantiers. Deux outils les ont propulsés vers de plus hauts degrés d'efficacité : la géomatique et le "phytomanagement". Soit, d'une part, le traitement numérique des données géographiques et, d'autre part, la gestion des sols par l'apport de végétaux.

La méthode géomatique développée par le Département permet de déterminer avec une grande précision les zones à traiter. Les sites des décharges peuvent en effet avoir été ensevelis, intégralement ou en partie. Le procédé consiste à retrouver les limites exactes des surfaces impactées en s'appuyant sur les archives des cartographies de l'IGN, réalisées à partir de photos aériennes. Des prises de vue par drone actualisent ces informations. Les images font alors apparaître les différences de terrain dues à la présence des décharges et à leur recouvrement. Toutes ces données géographiques sont numérisées, assemblées et analysées pour être utilisées in situ.

Autre outil à haute valeur ajoutée : le "phytomanagement". Une fois le site nettoyé de ses scories, une étape décisive de dépollution du sol est franchie grâce à l'apport de plantes.

Avec deux grands principes. Les végétaux, par le biais des échanges chimiques qui s'opèrent au niveau de leurs racines, vont réactiver les fonctionnalités du sol en y réinjectant notamment de l'azote et du carbone. D'autres vont jouer le rôle de bio-accumulateur. Les métaux lourds vont alors se fixer sur les systèmes racinaires et mycorhiziens. Ces pouvoirs d'absorption sont avant tout l'attribut des arbres, plus que des plantes. Cette ingénierie végétale a l'avantage de stopper la diffusion de produits contaminants dans le sol et d'éviter leur infiltration dans les nappes souterraines ou dans les cours d'eau. Un suivi est ensuite mis en place. Des analyses sont régulièrement effectuées dans le temps afin de mesurer la réduction de la toxicité des sols.

La création d'un sous-bois forestier est également expérimentée par le Département sur le site de Bordes. Cette opération doit favoriser l'émergence d'une microfaune qui va à son tour améliorer la santé des sols et agir de manière bénéfique sur la biodiversité environnante. Ce sont par exemple les vers qui aèrent le sol, les pollinisateurs qui facilitent la reproduction végétale ou encore les insectes qui constituent une nourriture pour les oiseaux. Un cercle naturel vertueux se met en place. La vie revient sur des sites autrefois pollués par des décharges.

Chantier d'enlèvement de la décharge de Bordes

Décharges brutes et friches industrielles

Des bombes écotoxiques à retardement. Les décharges sauvages concentrent des éléments polluants tels que des déchets médicaux, des produits phytosanitaires, des piles et batteries, des métaux lourds, des plastiques, etc. Avec des risques d'infiltration dans les sols et de contamination des eaux.

Ces décharges brutes à ciel ouvert ont longtemps été le terminus de nos poubelles. C'est en 1975 qu'est votée la première loi dont l'objectif est de réguler la production et la gestion des déchets. L'édifice législatif ne cessera ensuite de se consolider.

Aujourd'hui, les communes sont tenues d'assurer la collecte et le traitement de leurs déchets ménagers. Elles ont aussi pour obligation de fermer et de réhabiliter leurs anciennes décharges. Le Département, dans le cadre de ses politiques de solidarité territoriale, leur apporte une aide en ingénierie. Pour leur part, les régions mettent en oeuvre des plans de prévention et de gestion des déchets. Les PRPGD ont pour objectif d'évaluer la production de déchets et de planifier la construction des équipements pour les accueillir et les traiter.

Les friches industrielles sont une autre source de danger pour l'environnement. Il s'agit d'anciens sites de production ou de stockage. On trouve aussi des carrières et des mines abandonnées. La réhabilitation de ces friches, souvent complexe et coûteuse, est à la charge de leurs exploitants. Les nouvelles techniques de dépollution et de reconstruction des sols, qui demandent à être développées, offrent cependant des solutions de retour à l'état naturel de ces parcelles.